Une page se tourne ! Cette édition 2013 des 24 Heures de Daytona marquait la dernière de l'ère Grand-Am avant de voir l'arrivée d'un championnat nord-américain unique en 2014, et le renfort des P2 et GT de l'American Le Mans Series. Avec 57 autos au départ de ce 51ème Rolex 24, on peut s'attendre à voir la grille prendre de l'ampleur dans un an sachant en plus que la catégorie GX ne demande qu'à se développer en plus des P2 et GT. Les places dans les garages de Daytona ne sont pas extensibles si bien que l'on pourrait bien avoir droit à des sélections pour pouvoir être au départ. C'est encore un peu tôt pour le dire mais avoir un contingent de 70 autos n'est pas utopique. Une chose est sûre, le Rolex 24 2013 nous a encore offert un spectacle de premier choix, les nombreuses neutralisations venant mettre un peu plus de piment. On a l'habitude en ALMS et le Grand-Am en fait de même. Du pur show à l'américaine. On aime ou on n'aime pas, mais tout le monde est logé à la même enseigne, ce qui donne des courses passionnantes. Nous en tout cas on adhère ! Les courses US ont le mérite de resserrer des positions qui seraient figées en Europe. On a vu des courses européennes nettement plus courtes et bien plus ennuyeuses qu'un double tour d'horloge floridien.
Au fil des ans, les Daytona Prototype se sont embellis et n'ont plus rien à voir avec les « caisses à savons » que l'on connaissait au début. En DP on ne s'encombre pas de traction control et ABS. Si les châssis ne sont toujours pas en carbone, la formule a le mérite d'être bien moins onéreuse qu'une LMP2 par exemple. Les équipes roulant en Corvette DP ont eu beau se plaindre d'une Balance de Performance défavorable, on en retrouve tout de même cinq dans les huit premiers. Il va être difficile d'aller plaider une cause avec une feuille de classement. Il est pourtant clair que les Corvette DP manquent de puissance par rapport à la concurrence, et principalement les BMW. Les restart parlent d'eux-mêmes. S'il y a bien un domaine où Américains et Européens sont logés à la même enseigne, c'est bien cette fameuse BOP. On sait bien que la solution miracle n'existe pas et que tout est une histoire de compromis, ce qui forcément déplaît à ceux qui sont derrière. Max Angelelli nous confiait samedi soir que les 0.0000001 mm données aux Corvette n'avaient rien changé. Sans une pénalité un peu controversée en fin de course pour Joao Barbosa, on aurait tout de même pu avoir deux Corvette DP sur le podium. Il n'est pas certain que le Portugais méritait cela. Le Chip Ganassi Racing with Felix Sabates a donc une nouvelle fois fait parler la poudre, non sans avoir tremblé. La perte de la #02 a donné des sueurs froides à Chip Ganassi, sachant que Charlie Kimball a bien failli faire un strike avec la voiture sœur. Dans l'ensemble, les DP ont montré une belle fiabilité et il reste maintenant à voir ce que va donner l'association avec les P2. Nous avons profité de la visite de l'état major de l'ACO en Floride pour savoir s'il était envisageable de voir des Daytona Prototype à l'avenir dans la Sarthe et la réponse a été qu'il était bien trop tôt pour en connaître la réponse. On a pu constater que les relations franco-américaines sont au beau fixe avec des réunions communes en vue du futur. L'avis des pilotes concernant l'arrivée des DP au Mans est mitigée et chacun y va de ses arguments, recevables ou pas.
S'il va falloir établir une équité entre DP et P2 en 2014, il en sera de même pour la catégorie GT avec les autos de l'ALMS et du Grand-Am. Actuellement, l'écart au tour entre DP et GT est inférieur à dix secondes, sachant que les GT « ALMS » sont bien plus vite que leurs homologues du Grand-Am. Avoir deux catégories en pleine bagarre, c'est très compréhensible pour le public, mais avec la présence de nouvelles autos semblables au look à celles présentes actuellement, cela pourrait bien changer la donne. Ce qui est acquis, c'est qu'Audi a remporté la seule course de 24 Heures qui manquait à son palmarès et la marque allemande a ouvert son compteur à Daytona avec une équipe (Alex Job Racing) habituée à faire rouler des Porsche. Ce premier succès pourrait bien en appeler d'autres. On entend déjà les critiques comme quoi Audi a encore pris le dessus en Endurance, mais d'une part Audi n'a dû son salut qu'à une fin de course tonitruante avec une stratégie impeccable, exceptée pour celle du Rum Bum Racing tombée en panne d'essence, et d'autre part personne n'empêche aux autres constructeurs d'en faire autant. On ne peut tout de même pas critiquer l'investissement d'une marque généraliste en ces temps de disette économique. Ce n'est un secret pour personne que le département Customer était renforcé par Audi Sport, ce qui ne sera pas le cas lors des autres manches Grand-Am. Finalement, Audi a appliqué quasiment la même technique qu'aux 24 Heures de Spa et du Nürburgring, sauf que là l'engagement était moins appuyé. On a tout de même pu constater que le Dr Ullrich est aussi « starifié » que ses pilotes. Nous avons pu le constater le vendredi après-midi dans le paddock où il a fallu attendre un bon moment pour lui soutirer quelques mots, le boss d'Audi Sport n'arrêtant pas de se faire prendre en photo avec des fans, sous le regard amusé de plusieurs pilotes Audi. L'autre bonne surprise est Ferrari avec une 458 Italia version Grand-Am arrivée à maturation. Il faut dire que Michelotto était bien présent dans les garages et que les pilotes n'avaient rien de chauffeurs de seconde zone. Habitué aux victoires en terre floridienne, les Porsche n'ont guère été vernies même si elles ont joué les trouble-fêtes, notamment chez Magnus Racing où il y a de quoi nourrir quelques regrets avec une panne d'essence dans les derniers instants. Chez BMW, la M3 a souffert de son âge avec une seule auto en course, l'autre étant détruite. Maxime Martin aura tout de même pu découvrir un nouvel univers avec une 18ème place finale. Quant aux autos de la catégorie GX, seules les Porsche Cayman ont brillé, les Mazda6 étant encore un peu fébriles.
Une très belle édition en DP et une très belle édition en GT, voilà ce que l'on peut retenir de ce 51ème Rolex 24, dernier du nom sous l'appellation Grand-Am. Il reste maintenant moins d'un an au législateur pour nous concocter un règlement où tout le monde y trouvera son compte.
Sur les quatre Français au départ en DP, tous étaient originaires du Team Peugeot Total en Endurance, et le meilleur aura été Sébastien Bourdais, 6ème au volant de la Ford-Riley/Starworks Motorsport with Alex Popow. Malgré de très beaux relais, Simon Pagenaud n'a pu faire mieux que 21ème sur la BMW-Riley/Team Sahlen. Sur la Corvette DP/8 Star, Stéphane Sarrazin et Nicolas Minassian n'ont pas été épargnés par les embûches avec de récurrents soucis de boîte de vitesses. Le tandem ne parviendra pas à rallier l'arrivée. Les Frenchies avaient aussi de quoi briller en GT. Jusque dans la dernière heure, Nicolas Armindo pouvait espérer l'emporter sur la Porsche/Magnus, mais le champion ELMS GTE-Am en titre ne terminera que 5ème. Le natif de Colmar a montré une nouvelle fois sa pointe de vitesse, et on ne peut que regretter que Porsche ou Audi n'ait pas fait appel à ses services comme pilote officiel. Chez Manu Collard et Romain Dumas, il y a aussi de quoi être amer car avec un tel tandem on ne peut que jouer les positions de tête. Malheureusement, un bris de différentiel sur leur Porsche/TRG a stoppé net la très belle remontée des deux compères. Même sanction pour Patrick Pilet qui n'a pu rejoindre l'arrivée sur la Porsche/MOMO NGT, malgré des relais sans la moindre fausse note. Quant à Kévin Estre (Porsche/Mühlner) et Tristan Vautier (Mazda/SpeedSource), ils ont tous les deux vu leurs montures rendre les armes très tôt dans la course.
Rendez-vous en 2014 sous le soleil de Floride, même si avant cela il va y avoir les 12 Heures de Sebring, dernière du nom de l'ère ALMS. 2013 est aussi une année de transition au pays de l'Oncle Sam. Rendez-vous les 25 et 26 janvier 2014...
by Laurent Mercier(Endurance-Info.com)
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