par Laurent Mercier (Endurance-Info.com )
Avant le départ, Sébastien Buemi nous confiait : “au final, c’est toujours Audi qui gagne !” Stéphane Sarrazin voulait pour sa part un renouveau sur la plus haute marche du podium : “Il faut que ça change.” Le Suisse était dans le vrai car Audi a bien remporté un 13ème succès aux 24 Heures du Mans grâce à Tréluyer/Fässler/Lotterer. Malgré cette nouvelle victoire Audi, cette édition 2014 a été de toute beauté. Les pilotes des différentes catégories ont régalé les 263 300 spectateurs. Compte tenu d’une nouvelle réglementation LM P1, on pouvait craindre quant à la fiabilité sur un double tour d’horloge. Le sprint de 24 heures a mis à mal quelques LM P1-H.
Durant 24 heures, personne n’a parlé de consommation, de débitmètres ou de MJ. Les pilotes ont fait le show en piste et tout le monde n’y a vu que du feu. Dans l’ensemble, les mécaniques ont tenu et Audi a une nouvelle fois gagné. La pluie s’est invitée sur le circuit samedi peu avant 16h30, celle-ci causant la perte de l’Audi #3 de Albuquerque/Bonanomi/Jarvis dans l’accrochage avec une Toyota. Le malheureux Marco Bonanomi avait du mal à retenir ses larmes alors que sa monture était dans le bon tempo avant l’accident. La suite allait donc se passer à armes égales : 2 – 2 – 2. Les deux R18 e-tron quattro encore valides n’ont pas eu le temps de souffler même s’il aura fallu attendre 5 heures du matin pour voir la #2 prendre la tête durant 33 tours avant d’être retardée par un changement de turbo (18 minutes d’arrêt). A cet instant, les lauréats des 24 Heures du Mans 2011 et 2012 pensaient la messe dite. La #1 prenait alors l’avantage durant 65 tours avant elle aussi de connaître un souci de turbo (17 minutes d’arrêt) après le changement d’un injecteur. Il aura fallu attendre le problème d’une Porsche pour revoir la #2 aux commandes à 12h36. Les trois compères Benoit Tréluyer, Marcel Fässler et André Lotterer s’offrent donc un troisième succès dans la Sarthe. On les retrouvera le mois prochain dans les Ardennes belges à l’occasion des 24 Heures de Spa. Marc Gené aurait pu l’emporter en LM P2 chez Jota Sport mais son retour chez Audi pour pallier à la défection de Loïc Duval lui permet de monter sur la deuxième marche du podium. Quant à Tom Kristensen il monte sur son 14ème podium en 18 participations. Le Danois n’a connu que le podium ou l’abandon.
Sébastien Buemi avait donc raison. Au final, c’est toujours Audi qui gagne. L’avantage d’avoir trois autos est indéniable dans une course aussi dure pour la mécanique. En arrivant au Mans, Audi était outsider pour certains, favori pour d’autres. Le slogan “Le Mans, Home of quattro” est plus que jamais d’actualité.
On attendait le Toyota Racing avec ses deux Toyota TS040 HYBRID qui restaient sur deux victoires en Championnat du Monde d’Endurance. Kazuki Nakajima avait donné le ton en s’offrant la pole mais la course a réservé bien des sueurs froides aux hommes de Yoshiaki Kinoshita. Nico Lapierre a bien abimé sa Toyota en partant en aquaplaning dans les Hunaudières, emmenant avec lui l’Audi #3 et une Ferrari. Au contraire de l’Audi, la Toyota a pu rejoindre son stand tant bien que mal, mais la victoire s’envolait avec près de dix tours perdus dans l’aventure. Malgré tout, le trio n’a pas ménagé ses efforts et se voit récompensé d’une 3ème place au gré des problèmes rencontrés par la concurrence. Exceptée la sortie de piste, la #8 de Buemi/Lapierre/Davidson n’a pas rencontré le moindre souci, ce qui n’a pas été le cas de la #7 de Wurz/Sarrazin/Nakajima qui a mené 275 des 379 tours. Un souci électrique a stoppé net la domination de la #7. Décidément, Le Mans est bien cruel envers Toyota, la 3ème place n’étant pas le résultat escompté.
Quid de Porsche ? Peu de gens auraient parié sur la fiabilité des 919 Hybrid. Aucune des deux ne figure dans les feuilles de classement mais la prestation est plus que satisfaisante. Pour son retour dans la catégorie reine, Porsche a mené les 24 Heures du Mans durant 61 tours, à chaque fois avec la #20 de Webber/Hartley/Bernhard. Porsche Team était venu au Mans pour apprendre mais une 919 Hybrid a bien failli s’imposer. La #20 a souffert d’un problème de transmission. Alors qu’elle menait, le groupe motopropulseur a fait des siennes si bien que Mark Webber a été contraint de rentrer en mode électrique au ralenti. C’en était terminé des espoirs de podium. Quant à la #14 de Dumas/Lieb/Jani, elle a connu samedi quelques soucis d’arrivée d’essence avant que la boîte de vitesses ne donne des signes de faiblesse. Marc Lieb a bien repris la piste pour un ultime tour mais les deux 919 Hybrid ne sont finalement pas classées. Porsche Team a montré de belles choses et reviendra à coup sûr plus fort en 2015.
Pas de surprise en LM P1-L avec une victoire du Rebellion Racing. Pour sa deuxième course, la R-One conçue par ORECA Technology a fait preuve d’une belle fiabilité. Prost/Heidfeld/Beche terminent au pied du podium à 19 tours de la tête. L’équipe aurait signé pour ce résultat avant le départ. Si la #12 a connu une course sans encombre, le chat noir n’a pas épargné la #13 avec des soucis à répétition. C’est finalement le moteur qui rendu l’âme.
Cette 82ème édition des 24 Heures du Mans restera dans les annales comme une course ouverte et indécise, chacun rencontrant des problèmes à tour de rôle. Aligner trois autos est sans conteste ce qu’il faut faire pour optimiser ses chances, et Audi l’a bien compris.
Compte tenu du peu de roulage durant les essais et du nombre de sorties, on pouvait craindre pour la course. Pourtant, seules quatre neutralisations sont venues ralentir les concurrents : accident de l’Audi, la Toyota et la Ferrari, arrivée de la pluie dans les Hunaudières, sortie de piste de la ORECA 03R de KCMG, et remplacement des rails suite à une sortie de la Ferrari/SMP Racing. Au total, on aura eu 1h38 de neutralisation. Trois Slow Zone ont été mise en place, le tout durant 1h07.
“Le futur entre en piste” était le slogan d’avant-course. Le futur est entré en piste, et on attend avec impatience 2015…
Le classement est ici
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