Paris / Rouen en vélocipède,
l’ancêtre du Tour de France
Le 7 novembre 1869, il y a 150 ans, a eu lieu la première course cycliste de fond au monde. Le défi à relever était de parcourir la distance de Paris à Rouen en moins de 24 heures.
Pour commémorer cet événement fondateur des courses cyclistes longues distances, une vingtaine de passionnés de cycles anciens, parmi lesquels Gérard Holtz, figure mythique de la télévision et du sport français, ont décidé de refaire du 9 au 11 novembre 2019, le trajet de Paris à Rouen sur d’authentiques vélocipèdes de la fin des années 1860, en costumes d’époque............
Le 7 novembre 1869, au lever du jour, plus d’une centaine ce vélocipédistes s’élancèrent de la place de l’Étoile pour atteindre Rouen, soit une distance de 123 kilomètres : ce fut la première course cycliste de fond au monde. Le vélocipède, avec ses pédales fixées sur la roue avant, n’avait été lancé à Paris que quelques années auparavant.Cette compétition a été organisée par deux ardents partisans du nouvel engin : René Olivier, directeur de la Compagnie Parisienne qu’il avait fondée avec ses frères le 10 avril 1869 et premier fabricant industriel de vélocipèdes au monde, et Richard Lesclide qui avait lancé Le Vélocipède illustré le 1er avril 1869.
La course était ouverte à tous les vélocemen, français et étrangers, y compris les femmes, et à tous les véhicules où la force humaine seule doit produire le mouvement. Tous les Vélocipèdes sont admis à concourir, bicycles, tricycles, quadricycles et monocycles. En fait, la quasi-totalité des concurrents rouleront sur des bicycles. Voiles, parapluies, parasols et chiens étaient interdits !
Cinq contrôles avaient été prévus le long du parcours : Épône, Mantes, Bonnières, Gaillon et Pont-de-L’Arche, qui fut remplacé au dernier moment par Le Vaudreuil, à environ de 30 km de Rouen : tous étaient situés le long de la voie ferrée Paris-Rouen empruntée par la commission de contrôle.
Le 7 novembre, les concurrents devaient passer s’inscrire au manège de la Compagnie Parisienne
avenue Bugeaud avant de rejoindre l’Arc de Triomphe. Le départ eut lieu au milieu d’une foule de plusieurs milliers de curieux. Annoncé à 7h précises, il se fit dans une certaine confusion : un premier groupe incontrôlé est parti inopinément à 7h15 et un second, officiel, à 7h45 en présence de René Olivier : un bonus d’une demi-heure sera accordé à ceux du second groupe, dont font partie Moore et Bobillier.
La lutte fut âpre entre les participants. Face au défi de coureurs quasi professionnels et de participants chevronnés, des inscrits avaient reconnu le parcours.
De la centaine de concurrents partis de l’Étoile, 45 coureurs sont restés dans la course à Mantes. L’écart entre les premiers des deux groupes se resserra progressivement. James Moore prit la tête avant Gaillon (86 km), accentua son avance pour terminer premier à 18h10 : l’Anglais de Paris avait parcouru les 123 km en 10h25, à une vitesse proche de 12 km/h.
Il sera suivi un quart d’heure après par Bobillier et Castera ; mais ce dernier était parti dans le premier groupe.
La nuit étant tombée vers 17 heures, l’obscurité a accentué les écarts. Le coureur anglais classé 7e était pourtant tombé d’inanition dans les bras de la Commission au contrôle du Vaudreuil, car il n'avait mangé que deux casse-croûte dans la journée. Il pédalait en tenue de jockey, une culotte de peau de daim et une chemise rose. Il courait en aveugle, sans rien voir, sans rien entendre, comme s'il était en bois articulé. Le coureur arrivé 8e, Joseph Meunier, un des principaux constructeurs de vélocipèdes, sera déclassé pour avoir emprunté le train. Le 9ème terminera à pied, à 7 km de Rouen, son vélocipède s’étant cassé contre un tas de pierres. Le 13ème arrivera après minuit, et une demi-douzaine de coureurs après 6 heures, la plupart sans éclairage, en particulier miss América, en fait une Lyonnaise, à 6h20 en compagnie de son ami Turner.
Au total, une trentaine de concurrents seront médaillés.
L’exploit était d’autant plus remarquable que les vélocipèdes utilisés sur ces routes détrempées par la pluie étaient lourds, 25 à 30 kg.
Certains bénéficiaient cependant d’innovations. Les premiers arrivés avaient un bandage en caoutchouc sur les jantes. Mais surtout, l’engin du vainqueur, James Moore, était équipé d’une roue libre avec roulement à billes, innovation qui diminuait de 80% les frottements, selon la publicité de son constructeur Suriray publiée après la course : elle réduisait donc considérablement la fatigue. Comme le souhaitait le directeur du Vélocipède illustré, cette course du 7 novembre a contribué à diffuser des progrès techniques considérables.
Pour plus de détails, voir le site web : velocipedistes.com
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