La 41e édition des 24h du Nürburgring s'annonçait comme un grand cru et elle a effectivement tenu toutes ses promesses. Après un récital de l'Audi R8 LMS/Phoenix de Frank Stippler en début de course, l'Aston Martin Vantage GT3 de Turner-Mücke-Simonsen-Lamy a littéralement dynamité les débats, célébrant au mieux les 100 ans du mythique constructeur de Gaydon.
En fin de soirée, le brouillard et des pluies torrentielles s'abattaient sur la Nordschleife, contraignant les organisateurs à interrompre l'épreuve au drapeau rouge. Une sage décision approuvée par l'ensemble des concurrents dont Sabine Schmitz : « La pluie percute votre pare-brise avec une telle intensité que la visibilité est complètement nulle. Peu importe qu'un concurrent vous précède ou non, on y voit absolument rien. A tel point que j'avais l'impression d'être un pêcheur de crabes sur la mer de Bering ! ».
Il fallait attendre 8h30 le lundi pour que la meute soit enfin relâchée, quand bien même la pluie tombait toujours de manière abondante. Repartie en tête, l'Aston Martin se faisait rapidement déborder par la BMW Z4 GT3/Marc VDS de Maxime Martin. Le Bruxellois poursuivant le festival entamé la veille où il reprenait par moment la bagatelle de 40 secondes à ses rivaux. En fin de matinée, la pluie s'estompait et la piste commençait à sécher en de nombreux endroits. Des conditions mixtes dont les Mercedes SLS se délectaient, bien aidées, il est vrai, par leurs pneumatiques Dunlop. Alors qu'ils s'étaient jusque là tenus en embuscade, Bernd Schneider, Jeroen Bleekemolen, Sean Edwards et Nicki Thiim faisaient le forcing et s'emparaient autoritairement du commandement. En état de grâce, le multiple champion DTM accumulait les rondes d'anthologie et finissait par croiser le drapeau à damier en vainqueur, remportant par la même occasion l'un des plus beaux fleurons manquant à son impressionnant palmarès. Le comble c'est que c'était la toute première fois que l'ancien pilote Zakspeed en F1 parvenait à rallier l'arrivée du double tour d'horloge de l'Eifel ! Un bonheur n'arrivant jamais seul, Jeroen Bleekemolen, en passe d'être papa, avait déjà quitté l'enfer vert !
Titrée en VLN en 2008, 2009 et 2011, victorieuse des éditions 2012 et 2013 des 24h du Dubai, la formation Black Falcon ajoute un nouveau succès de prestige à son joli pedigree et s'affirme de plus en plus comme l'une des références du petit monde de l'endurance. Très en vue lors des essais, notamment lorsqu'elle était pilotée par Andreas Simonsen, la seconde SLS engagée par l'écurie basée à Meuspath a connu une course beaucoup plus difficile, une rupture de suspension entraînant une sérieuse sortie de piste. Pour l'honneur, l'équipage Lebed-Simonsen-Rostek-Proczyc poursuivait néanmoins sa ronde et franchissait la ligne d'arrivée au 128e rang.
Si la Mercedes SLS/Rowe Racing de Hartung-Heyer-Rehfeld-Hohenadel a dû renoncer suite à une sortie du premier nommé dans les conditions apocalyptiques du dimanche soir, les montures de Graf-Jäger-Seyffarth-Bastian et Arnold-Roloff-Seyffarth-Jäger ont, en revanche, fait excellente figure, se classant à de superbes 3e et 4e positions. Encore 2e et 3e à 30 minutes du terme, elles auraient même pu offrir un triplé historique à Mercedes mais c'était sans compter sur un éblouissant Maxime Martin. Non content de marcher sur l'eau, « Moïse » Martin avionne également sur le sec ! Le pilote officiel BMW explosant littéralement le meilleur tour en course pour coiffer sur le fil les flèches d'argent et ainsi offrir une sensationnelle seconde place à la BMW Z4 GT3 qu'il partageait avec Yelmer Buurman, Andrea Piccini et Richard Göransson. Longtemps en lice pour le podium, la seconde Z4 GT3 alignée par le Marc VDS Racing pour Leinders-Moser-Palttala-Göransson devait, par contre, abdiquer dans le courant de la matinée. Bas Leinders ayant tapé le rail en tentant d'éviter un concurrent en perdition.
Figurant parmi les grandes favorites de l'épreuve, les BMW Z4 GT3/Schubert ont également été frappées par une noire malchance. Ainsi, peu avant la fin de la première heure de course, Uwe Alzen se faisait surprendre, derrière un sommet, par un groupe de voitures roulant au ralenti et ce en raison d'un double drapeau jaune. Comble de malchance, le lauréat 2010 des 24h heurtait l'arrière de la BMW Z4 GT3 de son équipière Claudia Hürtgen. Si la petite Allemande, victime d'une crevaison à l'arrière gauche, perdait plus d'un tour dans l'aventure, le constat était pire encore pour l'infortuné Alzen, la direction de son coupé Z4 étant touchée. Les troupes de Torsten Schubert s'évertuaient bien à remplacer l'organe blessé mais, après deux boucles, Dirk Müller rentrait au box avec une monture au comportement loin d'être parfait. Vu que toute chance de succès s'était évanouie, décision fut prise de retirer la BMW blanche de l'épreuve.
Loin de se démonter, Claudia Hürtgen, Jens Klingmann, Martin Tomczyck et Dirk Adorf allaient au charbon et effectuaient une solide remontée qui s'achevait au 6e rang en dépit d'une séance d'aquaplanage du dernier nommé. Quant à la Z4 GT3 aux couleurs Dunlop de Walkenhorst-Oeverhaus-Partl-Silvester, pour sa première participation aux 24h, elle a effectué une course sage qui se solde par une honorable 17e place.
Victorieuses l'an dernier, les Audi R8 LMS ultra ont fait illusion en début de parcours via Frank Stippler et Marcel Fässler avant de rentrer dans le rang au fil des heures. Team Principal du Phoenix Racing, Ernst Moser s'en explique : « Nous étions très compétitifs sur le sec mais, à partir du moment où la pluie a commencé à tomber, nous n'étions tout simplement plus assez rapides. Les voitures équipées en Dunlop bénéficiant d'un avantage dans ces conditions. Malgré tout nous avons fait de notre mieux et décroché le meilleur résultat possible. » En l'occurrence une 5e place pour le quatuor Rockenfeller-Fässler-Stippler-Winkelhock. Ammermüller-Stippler-Stuck-Stuck et Biela-Jöns-Ludwig-Rusinov se classant respectivement 8e et 9e et ce au terme d'une course exempte d'ennuis, si ce n'est un contact avec le rail de Michael Ammermüller surpris, comme tant d'autres, par une traînée d'huile. Laurens Vanthoor aura connu moins de réussite. Le jeune Belge, pour sa première participation à la grand messe de l'Eifel, naviguait à une excellente 4e position lorsqu'il se fit également piégé par une coulée d'huile. Il percutait à de nombreuses reprises les glissières de sécurité, mettant, bien malgré lui, une fin brutale à la belle progression de l'Audi R8 LMS/WRT qu'il partageait avec Edward Sandström, Christopher Mies et Christopher Haase.
Excellent second l'an dernier, Chris Mamerow n'aura pu rééditer cette performance, sa course étant d'emblée contrariée par une température d'eau excessive et de nombreux changement de splitter. Avec le concours de Marc Basseng, René Rast et Thomas Mutsch, il attaquait tant et plus pour tenter de remonter, peut être même un peu trop, l'Audi R8 LMS/Prosperia devant tirer sa révérence lundi en fin de matinée suite à une sortie de route.
A la peine l'an dernier, les Porsche n'ont guère connu plus de réussite. La palme de la malchance revenant indiscutablement au Timbuli Racing, lequel perdait, dès les essais, la 911 GT3 R de Hennerici-Brück-van lagen-Seefried suite à une violente sortie de route. Pire, alors qu'il occupait une probante 7e place après 2h de course, Marco Seefried était victime d'une incompréhension avec une Toyota. Le contact était une nouvelle fois relativement violent et la Porsche qu'il partageait avec Norbert Siedler, Pierre Kaffer et Marc Hennerici devait renoncer à son tour.
Marqué pas de chance pour une écurie ô combien brillante depuis l'entame de la saison en VLN !
Bien dans le rythme, la Porsche 911 GT3 R du Frikadelli Racing a été contrariée dans la première partie de l'épreuve par un double changement d'amortisseur. Klaus Abbelen, Sabine Scchmitz, Patrick Pilet et Patrick Huisman n'en ont pas moins assuré le show pour finalement remonter au 16e rang. Dans le coup également, la Porsche 911 GT3 R/Falken Motorsports de Henzler-Dumbreck-Ragginger-Asch a même occupé furtivement la première position lundi en cours de matinée. Las, à 2h30 de l'épilogue, un contact avec une BMW dans la région de Flugplatz provoquait de sérieux dégâts à l'avant de la Porsche n°44, laquelle devait finalement se contenter d'une 20e position bien peu en rapport avec son potentiel.
Comme souvent, c'est le Manthey Racing qui a sauvé les meubles pour le constructeur de Weissach. Profitant d'une excellente stratégie, la formation d'Olaf Manthey était d'ailleurs parvenue à hisser ses deux montures de pointe au 2e et 3e rang avant la neutralisation. Très compétitives sur le mouillé, les Porsche « Moskovskaya » étaient plus à la peine lorsque la piste a commencé à sécher. Un mauvais choix de pneus les faisant définitivement perdre le contact avec la tête de la course. Si la 911 GT3 RSR de Lieb-Dumas-Luhr-Bernhard parvenait néanmoins à décrocher la 7e place, la 911 GT3 R de Holzer-Tandy-Bergmeister-Lietz, ralentie en sus par un petit souci mécanique, finissait juste aux portes du top10, précédant la Porsche 911 GT3 R/Haribo Racing Team de Westbrook-Collard-Stursberg-Riegel et la Porsche 911 GT3 RSR/Wochenspiegel Team Manthey de Weiss-Kainz-Jacobs-Krumbach.
Véritable révélation des essais, avec le superbe 2e chrono de Pedro Lamy, l'Aston Martin officielle a signé un début de course époustouflant, s'échangeant à maintes reprises le commandement avec les Audi Phoenix. En tête au moment de la neutralisation, la belle Anglaise connut plus de difficultés par la suite. Nettement moins à l'aise sur le mouillé, la Vantage/Bilstein se fit déborder par la BMW de Martin lors du restart avant de sombrer au classement. Lamy ne parvenait d'ailleurs pas à éviter une touchette dans la section de Bergwerk. De fait le quatuor Turner-Mücke-Simonsen-Lamy se retrouvait avec une monture nettement moins bien équilibrée et ralliait l'arrivée en 10e position.
Quoi qu'il en soit voilà une nouvelle monture qui immanquablement fera partie des prétendantes à la victoire lors de la prochaine édition. On en dira pas autant de la McLaren/Dörr Motorsport de Kox-Adams-Klasen trahie par son moteur avant d'avoir effectué le moindre tour ! Très à son affaire lors de la première séance qualificative, la Nissan GTR du Schulze Motorsport a, elle aussi, subi une casse moteur dans les premières heures de course. Après changement de l'organe défaillant, le quatuor Yamauchi-Schulze-Schulze-Krumm a pu reprendre la piste pour achever l'épreuve à une très lointaine 134e position.
Le rideau est tombé sur une 41e édition en tous points exceptionnelle. Rendez-vous est pris l'an prochain pour une nouvelle cuvée à consommer sans modération.
Les photos de la course sont ici.
avec Fabrice Bergenhuizen (Endurance-Info)