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    mardi 5 août 2014

    Les cuirs de MotoGP, sous toutes les coutures


    Alpinestars révèle comment sont fabriquées et fonctionnent les combinaisons en cuir des pilotes.
    La combinaison du pilote Moto3 Arthur Sissis
    Par 
    Imaginez que vous rouliez à 300 km/h sur une moto capable de développer 230 chevaux, et que par malheur vous vous retrouviez à frôler le tarmac d'un peu trop près... Vous aimeriez être sûr d'être correctement protégé, n'est-ce pas ?
    Heureusement, l'élite de MotoGP peut compter sur un équipement à la pointe de la technologie pour leur assurer le plus haut niveau de protection en cas de chute.
    Nous nous sommes intéressés aux cuirs des pilotes et avons interrogé Jeremy Appleton de la marque Alpinestars, qui équipe notamment le champion du monde de MotoGP Marc Márquez. Il nous a livré les secrets de fabrication des combinaisons et expliqué leur fonctionnement.
    pilote MotoGP Dani Pedrosa en combinaison Alpinestars
    Dani Pedrosa porte une combinaison Alpinestars© Repsol Honda

    Du sur-mesure pour chaque pilote

    Pour des raisons de sécurité, tous les équipements en cuir sont ajustés à la morphologie de chaque pilote, tout en leur garantissant une liberté de mouvement essentielle pour la course.
    Jeremy Appleton explique : La combinaison est faite sur-mesure afin d'assurer au pilote la meilleure performance possible, mais aussi pour être certain qu'il soit parfaitement protégé en cas de chute et que l'abrasion liée au frottement sur la piste n'ait pas de conséquence sur le niveau de protection offert par le cuir.
    Nous prenons les mesures des pilotes à la fin de la saison précédente ou lors des tests de pré-saison, pour vérifier leurs mensurations. C'est la procédure habituelle.
    Généralement, la combinaison pèse environ 4,5 kg, mais cela peut varier en fonction des éléments que nous ajoutons.
    Jeremy Appleton : La combinaison comporte des protections particulières au niveau des coudes, des épaules et des genoux. Ce sont des éléments amovibles. Ils permettent d'assurer un bon niveau de protection global en cas d'impact. La doublure de la combinaison peut être retirée et lavée.
    Les combinaisons sont constituées d'un assemblage de différents panneaux cousus ensemble. Chaque panneau comporte une double couture et dans certains cas, nous doublons les zones les plus vulnérables. Nous nous assurons que toutes les coutures - intérieures comme extérieures – soient doublées. Nous utilisons des fils spéciaux qui, même s'ils viennent à lâcher par endroit lors d'une chute, continuent à assurer la solidité de la combinaison.

    Les meilleurs matériaux sur les points de contact

    Les points de contact en cas de chute sont situés au niveau des genoux, des coudes et des épaules du pilote. Ces points exigent une attention particulière. Afin d'assurer la meilleure protection possible, ces zones sont conçues avec des matériaux spécifiques et bénéficient d'une technique d'assemblage particulière.
    Jeremy Appleton : Nous choisissons les meilleures qualités de cuirs. Dans la plupart des cas, nous utilisons du cuir de vachette, mais nous employons également du cuir de kangourou. Le cuir de bovin est le plus souvent utilisé car il résiste très bien à l'usure, grâce à son épaisseur de 1,2 à 1,4 mm.
    Le cuir est un matériel de très bonne qualité. Ses fibres résistent très bien à l'abrasion.
    Les protections situées au niveau des genoux, des coudes et des épaules sont réalisées dans une matière thermoplastique spécifique.
    Ces protections sont coulées dans des moules spéciaux, selon une technique d'injection particulière qui leur confère une double densité : plus dure au centre et un peu moins sur l'extérieur. Elles comportent également une poche de gel et une protection assemblées juste en-dessous.
    Le but de ces protections spéciales au niveau des épaules, des coudes et des genoux est de diffuser l'énergie de l'impact sur une plus large zone. Grâce à cela, l'impact reçu à travers la protection est de moindre intensité pour le pilote.
    Le premier contact avec le tarmac ne devrait provoquer qu'une éraflure. Nous essayons de contrôler au mieux ce premier contact avec la piste afin de réduire la friction. Ensuite, lorsque le pilote glisse sur le bitume du fait de sa vitesse, l'énergie de l'impact se dissipe.
    Le pilote de MotoGP Marc Márquez
    Marc Márquez rase la piste avec son coude© Repsol Honda
    La zone extérieure du coude est conçue de manière à protéger le pilote, mais nous ajoutons une seconde couche de protection, si le pilote a l'habitude de frôler la piste avec son coude. Tout le monde ne le fait pas. C'est plus un style de pilotage. Marc Márquez utilise notamment cette technique, tout comme une petite poignée de pilotes.
    A set of Alpinestars MotoGP leathers
    Une protection de coude supplémentaire© Joseph Caron Dawe/RedBull.com
    Nous utilisons également un système d'airbag pour protéger le haut du corps des pilotes. Il est important d'avoir des zones extensibles dans la combinaison car lorsque l'airbag s'ouvre, elle prend 4 à 5 centimètres de volume.
    La combinaison doit donc être capable de s'élargir pour gérer ce volume soudain, car l'airbag ne sort en aucun cas du cuir du pilote. La plupart de nos pilotes disposent d'un système d'airbag. 
    Les cuirs du pilote de Moto3 Arthur Sissis
    Le réservoir d'eau se situe dans le dos du pilote© Joseph Caron Dawe/RedBull.com

    L'hydratation et la ventilation

    Eviter la déshydratation du pilote est indispensable. Un coup de chaud lui fait perdre rapidement ses capacités de concentration. Maintenir une température corporelle stable et pouvoir s'hydrater tout au long de la course sont des facteurs essentiels.
    Jeremy Appleton : La combinaison est très bien ventilée sur toute la surface avant. L'aérodynamique de la moto est assurée, bien que beaucoup d'air circule à l'avant de la combinaison.
    Une fois que l'air est entré dans la combinaison, il doit ressortir. A l'arrière, du bas du dos jusqu'aux jambes, les perforations du cuir sont donc légèrement plus larges.
    Nous nous efforçons de maîtriser les flux d'air dans les vêtements techniques. C'est aussi le cas pour les gants. Cela aide le pilote à réguler sa température et à être plus performant physiquement. 
    Zoom sur une combinaison Alpinestars de MotoGP
    Des trous d'aération et un panneau extensible© Joseph Caron Dawe/RedBull.com
    Jeremy Appleton : Le réservoir d'eau se situe dans le renflement aérodynamique de la combinaison. En général, il contient entre 200 et 300 ml de liquide, pour ne pas alourdir le pilote durant la course. Le but est de rester le plus léger possible.
    Lors des courses de MotoGP, les pilotes ne se déshydratent pas tant que cela. Ils ont parfois la bouche sèche, ce qui peut devenir gênant. Le fait d'avoir un peu d'eau à disposition est toujours appréciable. Le réservoir d'eau est dissimulé dans le dos de la combinaison et un tuyau remonte jusqu'au casque du pilote pour lui permettre de boire à tout moment.

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